Biennale Nationale de Sculpture – Du 26 juin au 11 septembre 2020 – Vernissage: 26 Juin, 2020
à la Galerie Art Mur – du 7 mars au 11 avril 2020, Vernissage le 7 mars de 15h à 18h
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Le travail de Patrick Bérubé s’intéresse aux rapports contradictoires (affectifs, idéologiques, psychiques et charnels) que les humains entretiennent envers eux-mêmes et leur environnement. En cette période trouble et de grandes incertitudes, l’exposition aborde de manière plus précise les disjonctions qui s’opèrent entre le monde réel, sa perception directe et sa médiation, entre le palpable et l’impalpable, entre l’intériorité et l’extériorité. Partant du fait que la technologie et le flux des images (numériques, médiatiques et de marque) façonnent nos imaginaires et phagocytent nos rapports à la nature, à l’espace et au temps, Bérubé interroge l’espace ténu dédié à l’émergence d’une conscience de soi, située, libre et autonome – à une époque qui, paradoxalement, fait l’éloge de l’individualité.
Bien que le titre En Parallèle… sous-tende l’idée d’un univers second, l’exposition traite davantage de la nature insaisissable du monde, sachant que le visible comporte forcément un double caché. Car au-delà de ce qu’implique l’instabilité des représentations, Bérubé s’intéresse plus globalement au fait que les limites de nos facultés sensorielles ne nous permettent pas de saisir empiriquement la plupart des lois qui régissent l’univers. Son travail souligne de surcroît la persistance des grands questionnements métaphysiques liés à l’origine du Cosmos et à la finitude de la vie. Des interrogations existentielles qui incitent, depuis toujours, les collectivités humaines à s’inventer des histoires étranges, souvent peuplés de figures spectrales, pour répondre au vertige de l’incommensurable.
Conçue en s’inspirant du labyrinthe de Pac-Man, la scénographie de l’exposition renvoie aux structures et aux systèmes de contrôle, autant physique qu’immatériel, qui gouvernent nos vies et à partir desquels il est parfois difficile, voire impossible, de trouver une issue. Hybride, le programme visuel de Bérubé emprunte autant à la culture populaire qu’à l’imagerie scientifique et médiatique. Des diagrammes circulaires utilisés pour des fins statistiques côtoient ainsi des petites dragées de la marque TicTac et des couvertures trafiquées du magazine TIME (Today Information Means Everything) montrant un paysage post-apocalyptique (où le titre, une fois renversé, devient EMIT). Tout cela cohabite dans un décor installatif à la fois baroque (pour sa surcharge et ses effets dramatiques) et minimaliste (pour son esthétique aux formes épurées).
Comme dans les propositions antérieures de l’artiste, l’exposition est construite, comme autant d’hyperliens, par enchâssement d’idées et de formes qui, une fois dupliquées et altérées, s’embrouillent et se font simultanément écho. Plusieurs niveaux de lecture composent ainsi la toile narrative de l’exposition dans laquelle s’entremêlent les notions d’impasse, de vacuité, de vide, d’impuissance, de vulnérabilité, de désirs et de pouvoir, comme autant de sentiments qui traversent nos existences contemporaines, captées par le système de mondialisation et l’hypercapitalisme.
Texte de Ariane De Blois
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Du 8 au 24 novembre, 2019 – à la Fondation Grantham – Vernissage: 8 novembre 2019
Du 3 mars au 28 avril 2018, à la Galerie Art Mur – Vernissage: le samedi 3 mars 2018, de 15 h à 17 h
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Autrement dit, nouvelle exposition solo de Patrick Bérubé à la galerie Art Mûr, nous propose une dérive au foisonnement baroque. L’artiste nous plonge dans une installation rejouant les codes d’un espace de travail all-included inspiré librement de la compagnie ACME, société fictive apparue dans l’univers Looney Tunes. Du grec, acmé signifie l’apogée, le point critique d’un propos ou d’une situation et désigne, dans la tragédie, le paroxysme du mal dont un personnage est atteint. Se tenant sur une fine ligne séparant le comique du tragique, l’installation de Bérubé est dense; la narration, faite de multiples couches. Il est question, tout à la fois, de désir de pouvoir et d’impuissance, du temps dans ses répétitions et ses immobilités.
Dans la salle d’attente est diffusé en boucle un extrait du film Lucy, de Luc Besson, où l’actrice répète inlassablement la même réplique : «Le temps est la seule unité de mesure. Il nous fournit la preuve de l’existence de la matière. Sans le temps, plus rien n’existe.1» L’artiste nous propose une clé de lecture pour décoder l’exposition. Le monde est-il un grand théâtre où nous prenons les apparences pour réalité?
Comme dans tout espace de travail tout inclus, l’employé-visiteur est plongé dans un univers dédié à la productivité. Sur le miroir de la salle de sport, est gravé le palindrome « In girum imus nocte et consumimur igni » (Nous tournons en rond dans la nuit et nous sommes dévorés par le feu). La phrase de Virgile, reprise par Debord dans son film homonyme2, évoque l’absurde aliénation capitaliste où l’humain est fasciné, captif et esclave d’un système qu’il a lui-même bâtit. Au sol, des Stan Smith, mythiques chaussures de sport avec système de protection du tendon d’Achille, font office de memento mori. Elles rappellent le récit d’Achille, vaincu malgré son désir d’invincibilité. Dans cette pseudo-salle de sport, s’expose tant le désir narcissique de performance (physique, sexuelle) que la vulnérabilité.
Dans l’espace bureau, de grandes impressions à première vue éclectiques révèlent les mêmes motifs se déclinant en une suite de variations : des plans du château de Chambord, réputé source d’inspiration pour le château Walt Disney, aux photographies aériennes d’échangeurs routiers répétées telle une tapisserie; de la touche «commande» jusqu’aux deux drones (paradoxalement instruments de surveillance et de jeu) encadrés. Plus loin, un rideau automatisé s’ouvre pour laisser voir l’image d’une mutante à trois seins, faisant écho à une gravure de la déesse Isis – déesse de la fécondité, mais aussi de la mort. La figure devient ici presque allégorique, évoquant un environnement en mutation sous l’action de l’industrie.
Autrement dit… c’est la répétition qui permet des glissements de sens, un point de vue divergent qui ouvre des espaces différentiels. Une faille, le faux, la farce.
1. Lucy, 2014.
2. In girum imus nocte et consumimur igni, 1978. Initiateur de l’Internationale Situationniste, Guy Debord était un philosophe, cinéaste et écrivain.
Texte de Laure Bourgault
Date : 16 novembre au 13 décembre 2017
Lieu : Berlin (DE)
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Date : 16 novembre au 13 décembre 2017
Lieu : Bermondsey Project Space, Londres (UK)
Exposition collective
Date : 2 novembre au 16 décembre 2017
Lieu : Centre d’art Jacques-et-Michel-Auger, Victoriaville (QC)
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