à la Galerie Art Mur – du 7 mars au 11 avril 2020, Vernissage le 7 mars de 15h à 18h
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Le travail de Patrick Bérubé s’intéresse aux rapports contradictoires (affectifs, idéologiques, psychiques et charnels) que les humains entretiennent envers eux-mêmes et leur environnement. En cette période trouble et de grandes incertitudes, l’exposition aborde de manière plus précise les disjonctions qui s’opèrent entre le monde réel, sa perception directe et sa médiation, entre le palpable et l’impalpable, entre l’intériorité et l’extériorité. Partant du fait que la technologie et le flux des images (numériques, médiatiques et de marque) façonnent nos imaginaires et phagocytent nos rapports à la nature, à l’espace et au temps, Bérubé interroge l’espace ténu dédié à l’émergence d’une conscience de soi, située, libre et autonome – à une époque qui, paradoxalement, fait l’éloge de l’individualité.
Bien que le titre En Parallèle… sous-tende l’idée d’un univers second, l’exposition traite davantage de la nature insaisissable du monde, sachant que le visible comporte forcément un double caché. Car au-delà de ce qu’implique l’instabilité des représentations, Bérubé s’intéresse plus globalement au fait que les limites de nos facultés sensorielles ne nous permettent pas de saisir empiriquement la plupart des lois qui régissent l’univers. Son travail souligne de surcroît la persistance des grands questionnements métaphysiques liés à l’origine du Cosmos et à la finitude de la vie. Des interrogations existentielles qui incitent, depuis toujours, les collectivités humaines à s’inventer des histoires étranges, souvent peuplés de figures spectrales, pour répondre au vertige de l’incommensurable.
Conçue en s’inspirant du labyrinthe de Pac-Man, la scénographie de l’exposition renvoie aux structures et aux systèmes de contrôle, autant physique qu’immatériel, qui gouvernent nos vies et à partir desquels il est parfois difficile, voire impossible, de trouver une issue. Hybride, le programme visuel de Bérubé emprunte autant à la culture populaire qu’à l’imagerie scientifique et médiatique. Des diagrammes circulaires utilisés pour des fins statistiques côtoient ainsi des petites dragées de la marque TicTac et des couvertures trafiquées du magazine TIME (Today Information Means Everything) montrant un paysage post-apocalyptique (où le titre, une fois renversé, devient EMIT). Tout cela cohabite dans un décor installatif à la fois baroque (pour sa surcharge et ses effets dramatiques) et minimaliste (pour son esthétique aux formes épurées).
Comme dans les propositions antérieures de l’artiste, l’exposition est construite, comme autant d’hyperliens, par enchâssement d’idées et de formes qui, une fois dupliquées et altérées, s’embrouillent et se font simultanément écho. Plusieurs niveaux de lecture composent ainsi la toile narrative de l’exposition dans laquelle s’entremêlent les notions d’impasse, de vacuité, de vide, d’impuissance, de vulnérabilité, de désirs et de pouvoir, comme autant de sentiments qui traversent nos existences contemporaines, captées par le système de mondialisation et l’hypercapitalisme.
Texte de Ariane De Blois
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