Bugs… Solution de Continuité présentée à la Galerie [sas], Montréal, Canada.
néon, moustiquaire, post-it, vidéo, photo
12 X 25 X 10 pieds
Le projet est simple, au cours de mes résidences j’ai pris un malin plaisir à constater et à souligner certaines de mes lacunes quotidiennes, qu’elles soient matérielles ou immatérielles: manque, insuffisance, imperfection, défectuosité, insatisfaction, incertitude, faiblesse, perte, vide, ignorance, oubli, etc. Le projet a d’abord pris la forme d’un genre de journal de bord sur internet; sortes de chroniques dans lesquelles j’exprimais mes petites « détresses » quotidiennes, pointant par le fait même, les difficultés, souvent absurdes, qu’elles peuvent engendrer. L’objet n’est pas de traiter de mon désarrois, de mes lamentations ou de mon insécurité, mais plutôt de chercher le sens sous-jacent de ce qui, au plus profond, reste encore mystérieux, mais essentiel dans ma grande confusion. De ce fait, ce « journal » n’est pas à prendre au premier degré. De manière cynique, je m’attarde sur différents détails qui peuvent sembler insignifiants et l’idée est de mettre en évidence notre imbécilité et notre maladresse face à ce genre de (situations) petites détresses, souvent innoffensives, mais ô combien frustrantes ! Frustration, solitude, ennui, et manque, cette recherche nous renvoie peut-être à la liberté contraignante, banale et absurde inhérante à notre condition humaine.
M’inspirant de quelques une de ces chroniques la construction de l’espace d’exposition est investi et fragmenté en plusieurs parties, reprenant la forme du journal de bord, dans lesquelles le spectateur est physiquement amené à découvrir de petites histoires. La mise en espace de ces dispositifs offre au promeneur la contemplation de différents objets et images tout en méditant sur certaines futilités de ce monde. La matérialisation des ces chroniques évoque d’un côté le désir et la recherche de protection et de confort, lesquels causent plus souvent qu’autement des pertes de contrôle et la débilité liés à ces obsessions.
Nous vivons dans un monde où nous sommes tous effrayé, où nous nous sentons seul et l’une des protections que nous ayons trouvé est de tenter de tout prévoir et de tout contrôler. L’installation questionne ainsi notre recherche constante de contrôle, de sécurité et de confort et tente de démontrer que malgré toutes ces précautions, certaines choses nous échappent et nous demeurons vulnérable et victime de nos craintes. Cette installation est une critique sociale certes, mais l’idée n’est pas de jouer les donneurs de leçon, mais plutôt de démontrer la fragilité humaine et que ce genre d’obsessions sont souvent absurdes, éphémères et illusoires. Ce désordre, cette révolte, que disent-ils, de la société, de ces latences, de ces espérances? Dans la faille du dire et du faire que doit-on déceler? Notre destin commun n’est-il pas d’être leurré, frustré, contraint, soumis à la loi de la tromperie ?