Miroir aux alouettes présentée au Centre d’Art Caravansérail pendant l’événement Espace Blanc 3: Les polarités , Rimouski, Canada.

Boîtes lumineuses, climatiseur, renard, corbeau, bois calciné
8 X 6 X 8 pieds et 4 X 4 X 7 pieds

Pour cette édition d’Espace blanc, les artistes étaient invités à s’inspirer du thème « Les polarités » et à mettre deux oeuvres en relation, l’une en galerie et l’autre sur la Banquise. Du coup, j’ai conçu un projet en accord avec l’espace environnant et sur les particularités propres à ces espaces blancs. M’appropriant quelques clichés et concepts de bases du projet tels: l’intérieur et l’extérieur, le chaud et le froid, la ville et la nature, j’ai tenté d’amener ces oppositions sur d’autres niveaux de réflexion et de compréhension en les associant directement à ma démarche artistique. M’inspirant de la cabane de pêche, j’ai construis dans la galerie un sauna climatisé dans lequel se trouvait un renard qui grelottait (tremblait), alors que la seconde a prise l’apparence d’un bar laitier dans lequel le promeneur pouvait observer un corbeau qui se trouvait dans un espace complètement incendié. L’idée était de jouer sur les défectuosités et les qualités de chacun tentant d’en faire ressortir une part d’angoisse et de mystère. Malgré le désir, le plaisir et le bien-être, souvent futiles, que ces deux oppositions peuvent représenter (crème glacé, sauna), c’est avec une pointe d’ironie et d’humour qu’ils cherchaient plutôt à amener le spectateur à réfléchir sur différents sujets chauds et froids de l’actualité ; des espaces de résistance, questionnant notre rapport à diverses situations d’impuissances. En effet, le corbeau et le renard étaient positionnés dans des situations de détresses et de vulnérabiltités, questionnant ainsi notre recherche constante de contrôle, de sécurité et de confort et tentant de démontrer que malgré toutes ces précautions, certaines choses nous échappent et que nous devenons souvent victime de nos propres craintes et désirs.

Note: Inspiré de la fable « le corbeau et le renard », l’installation, tout comme la fable, évoque beaucoup la satire sociale – Le pouvoir en position supérieure, et la ruse en position inférieur (qui veulent leur part du fromage…). Cette fable fait voir ce que peut l’esprit, et que la sagesse est toujours la plus forte. Comme souvent chez La Fontaine, la morale est ambiguë. C’est d’ailleurs le renard lui-même qui l’énonce. Il s’agit bien de se méfier des beaux parleurs, et des flatteurs en particulier, mais de comprendre aussi que tout cela se fait avec l’intelligence. C’est en tout cas l’atout majeur du très humain renard (qui « tint… ce langage », c’est « à ces mots » que le corbeau réagit, le renard se saisit du fromage et « dit » sa « leçon » …), seul être parlant face à un corbeau (qui ne tient que « fromage », « n’ouvre » le « bec » que pour lâcher « sa proie » sans jamais montrer son « ramage », et qui n’a droit qu’au discours rapporté indirect à la fin), certes non moins humain, mais dont la naïveté, la vanité et la superficialité l’ont précisément rendu trop prompt à faire le beau pour la recherche de la gloire au détriment de l’essentiel (un autre thème d’actualité) et à ne subordonner qu’à cette fin l’utilisation de son bec (qui n’a pas plus d’intérêt alors que ses plumes).
Corbeau – Phénix : Oiseau fabuleux de la mythologie égyptienne, toujours seul de son espèce, doté d’un plumage doré qui, après un siècle de vie, mourait consumé par le feu, et renaissait aussitôt de ses cendres..
Renard : Le renard est habituellement associé au mensonge, à la malice et à la ruse; qualificatifs qui appartiennent souvent à l’anonymat du pouvoir. Par conséquent, je tente ici de le rendre penaud, embarrassé, confus, à la suite d’une maladresse ou pour avoir été pris en défaut à son propre jeu. À gauche, une corde de bois est coincée entre le mur et le sauna. Peut-être encore une fois symbole de notre recherche abusée de confort causant des pertes inutiles.